Choix difficiles chez Bpost

10.07.2015

Choisir entre l’externalisation du travail ou le maintien de l’emploi moyennant des concessions

(10/07/15) - Nous luttons déjà depuis des années contre le dumping social aux niveaux National et International. Depuis des années, nous alertons le politique, mais aucun parti politique ayant une quelconque responsabilité dans la gestion des affaires n’a vraiment choisi le camp des travailleurs dans ce débat. Et nous ne devons rien attendre de mieux de la part des nouveaux partis populistes de droite. Au plan européen, où depuis le début les conservateurs (disons les catholiques) et les socialistes ont constitué les groupes les plus nombreux et ont occupé l’immense majorité des sièges, nous sommes toujours dans l’attente d’une initiative en vue d’adopter de vraies règles de protection des travailleurs.
Des règles claires pour un salaire minimum et contre l’apparence d’indépendance doivent offrir une protection contre l’exploitation et l’esclavagisme moderne.
Mais entretemps nous devons constamment tenir compte de la dure réalité!

Quelle est l’alternative?
Chez bpost nous sommes confrontés à un choix difficile.
L’entreprise veut suivre les tendances du marché, particulièrement dans la distribution des paquets le soir et le samedi.
Ou bien nous nous campons sur les droits acquis au risque qu’une partie des activités soit sous-traitée à d’autres: des étudiants, de (faux) indépendants, etc.
ou bien nous gardons les activités en nos mains, mais cela exigera des concessions.
Dans le premier cas, les emplois de beaucoup de jeunes facteurs sont surtout mis en péril, et ils sont menacés d’être systématiquement remplacés par des indépendants.
Et qui sait si ce ne sont pas exactement ces mêmes personnes qui - à défaut d’un autre choix – seront contraintes d’exécuter le même travail en tant que (faux) indépendant dans de plus mauvaises conditions encore!
Dans le second cas, nous sommes contraints de suivre l’entreprise dans sa réflexion et d’abandonner la bonification du samedi, mais nous renforçons la position concurrentielle des facteurs salariés. 

Comment les cartes sont-elles réellement distribuées?
Jusqu’à nouvel ordre, un salarié produit une meilleure qualité.  
Un indépendant est plus flexible et produit à court terme un bénéfice supérieur.
A cela s’ajoute que les principaux concurrents de bpost font aujourd’hui déjà couramment appel à de (faux) indépendants, surtout pour baisser les prix.
Surgit alors la question de ce qui est important pour qui.
Que veut l’actionnaire? Que veut le management? Que veut l’autorité?
Nous n’obtiendrons jamais une garantie totale que moyennant des concessions nous garderons pour toujours le travail dans nos propres mains, mais à court terme nous gagnons un temps important. Du temps pour convaincre les dirigeants politiques d’Europe et de notre propre pays qu’il faut mettre fin à la spirale négative.
Des pays comme l’Espagne, le Portugal et l’Irlande, sans parler de la Grèce, sont encore toujours sous l’emprise de cette spirale négative.
Il semble que nos voisins néerlandais l’aient déjà compris.
Certaines entreprises commencent à prendre conscience qu’on va trop loin et se rendent compte que continuer de vider les droits et les moyens des travailleurs de leur substance est contre-productif et même destructeur pour leur entreprise. En Allemagne, ils n’ont pas encore compris. Au niveau national il existe bien un salaire minimum, mais il n’est plus adapté depuis longtemps et se situe à peine au-dessus du seuil de pauvreté.

Indépendant ou salarié?
A la longue, dans notre propre pays certaines personnes qui travaillent dépassent à peine le seuil de pauvreté.
Les règles concernant l’apparence d’indépendance sont à ce point imprécises qu’il est très aisé de les contourner. Des gens qui prestent beaucoup d’heures pour la livraison des paquets, après conversion en un salaire horaire régulier et après déduction de leurs frais, n’atteignent parfois même pas le salaire minimum.
De plus, nous constatons que la distribution de paquets et de journaux se fait sur l’ordre d’un seul commanditaire (Delta Media, BD ou autres) dans une fenêtre temporelle bien précise dans une zone fixe. Ces “collaborateurs” ne peuvent pas définir eux-mêmes ce qu’ils emportent ni en quelle quantité ou quand ils effectueront le travail
Tout cela laisse supposer que cela se passe sous l’autorité d’un seul commanditaire, et dans ce cas ce doit donc être un collaborateur salarié et non un indépendant. A moins que cet indépendant ne décide bientôt lui-même de distribuer des paquets tant pour Bpost que pour DHL, UPS, TNT/PostNL, etc.

Au politique de jouer!
Les employeurs ne sont bien sûr pas demandeurs d’une clarification des lois. Un indépendant est en effet rémunéré à la pièce, ce qui à court terme est bien plus intéressant pour un employeur que de faire appel à un salarié. Les dépenses en personnel sont réduites à une fraction, ce qui renforce la position concurrentielle de l’entreprise et lui permet de concourir dans la spirale descendante du dumping des prix.  Mais la position des travailleurs s’affaiblit en proportion.
Un “collaborateur indépendant” doit d’ailleurs supporter lui-même les charges sociales, l’assurance-maladie et autres. Pour l’indépendant, cela signifie soit prester beaucoup d’heures, soit la mendicité !
Est-ce là l’Europe que nos dirigeants politiques envisagent?

En tout cas, pas pour nous. Nous continuons de mener campagne pour une autre mentalité politique, dans laquelle le bien-être de chaque personne est central et non la maximalisation  du bénéfice d’une petite élite.

Pour un vrai libéral, l’homme est central et pas le capital!