Le psycho-traumatologue De Soir demande la reconnaissance formelle des premiers intervenants

hulpverleners
26.11.2018

La Rédaction d'Argument a posé un nombre de questions sensibles au psycho-traumatologue Erik De Soir à propos de l’aide aux premiers intervenants des corps en uniformes. Erik s’est prononcé ouvertement et nous a donné vue de ce qu’il appelle “le combat pour les intervenants en uniforme”. Voici un extrait à propos du Fire Stress Team, FiST, qu’il a constitué et lisez l’interview intégrale dans la nouvelle édition de notre magazine Argument.

Argument : L’aide aux secouristes en est encore à ses premiers balbutiements. Dans le passé, on faisait trop souvent appel à de l’aide extérieure, en dehors des corps ? Vous voulez emprunter le chemin inverse ?

Erik De Soir : Ce n’est pas tellement l’assistance qui en est à ses premiers balbutiements, mais bien la reconnaissance formelle de cette aide. Nous célébrons cette année les 25 ans d’existence du - Fire Stress Team, FiST, mais il n’y a pas grand-chose à fêter car après tout ce temps, nous ne sommes toujours pas formellement reconnus. On ne peut plus faire abstraction de nos interventions dans la réalité quotidienne des corps de pompiers et nous pouvons compter sur un soutien généralisé. Mais nous intervenons encore principalement de manière bénévole. Actuellement, le risque persiste que des dirigeants optent pour de l’aide externe (commerciale) parce qu’ils trouvent cela plus commode et que cela cadre dans le climat actuel d’outsourcing de tout ce qui n’appartient pas au core business. Il est cependant essentiel que les premiers intervenants soient accompagnés dans la foulée d’expériences choquantes par des gens du terrain formés spécialement et non par des prestataires d’aide appartenant à un service externe de prévention ou une institution commerciale qui s’occupe de la « gestion de crise ». Nous avons encore connu très clairement cette expérience dans la foulée des attentats terroristes. 

Argument : Vous avez constitué les FiST en 1993 pour l’accompagnement de secouristes par des secouristes sur une base totalement bénévole. Un bel exemple de collaboration intense pour aider et assister des collègues. L’autorité ne devrait-elle pas y prendre exemple par l’instauration d’une cellule d’accompagnement psychologique au niveau fédéral pour tous les secouristes ?

Erik De Soir : Le modèle des FiST est applicable à chaque service de personnes en uniforme. C’est un beau modèle qui peut d’ailleurs s’appuyer sur un consensus dans toutes les régions du pays. En novembre 2004, quelques mois après la catastrophe due à une explosion de gaz à Ghilenghien, j’ai élaboré ce modèle de manière totalement structurée en collaboration avec Frédéric Daubechies, directeur du « Service Appui Psychologique aux Intervenants » à l’Institut Provincial de Formation à Jurbise. Depuis lors, nous l’avons déposé sur le bureau de chaque ministre de l’Intérieur et nous l’avons défendu dans des dizaines de réunions, mais il y a une grande lenteur pour qu’au niveau fédéral on agisse en vue de constituer une telle structure. De nouveau, il y a de grandes chances pour que ce soit externalisé vers un réseau commercial de secouristes. Ce serait une gifle infligée aux centaines de bénévoles qui participent depuis plus de 25 ans à l’accueil de leurs propres collègues, souvent avec des moyens qui leur sont propres et pendant leur temps libre. 

Lisez l'interview dans notre magazine Argument.

erik de soir

Qui est Erik De Soir ?

Erik De Soir est Docteur en Psychologie (Université d’Utrecht) et Docteur en Sciences Sociales et Militaires (Ecole Royale Militaire). Il s’est spécialisé en psychologie de crise et en psycho-traumatologie. Il opère en tant que psychologue du service incendie dans la Zone de Secours Noord-Limburg et il enseigne la psychologie de crise, la communication de crise et la gestion de crise dans des universités en Belgique et à l’étranger.

www.erikdesoir.be