
Le procureur du Roi de Bruxelles, Julien Moinil, tire la sonnette d’alarme sur le manque de moyens dans la lutte contre la criminalité liée à la drogue. « Faut-il attendre que des citoyens innocents deviennent victimes ? », s’interroge-t-il. Il dénonce le manque de personnel dans la police, le parquet et l’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC), où les enquêtes balistiques n’aboutissent parfois dans les bases de données qu’après deux ans.
Les prisons connaissent également des problèmes. Les chefs criminels y dirigeraient encore trop facilement leurs réseaux via des téléphones portables introduits en contrebande. Moinil souhaite qu’ils soient placés sous un régime plus strict. Le manque de places dans les prisons et les centres fermés complique en outre la détention des criminels en situation irrégulière. « Sur cent criminels en séjour illégal arrêtés par la police bruxelloise, le Service des étrangers en a libéré 91 », précise-t-il.
« Nous sortons d’une période de vingt à trente ans de laxisme », a déclaré le procureur.
« C’est exactement ça ! Depuis des décennies, les responsables politiques à Bruxelles détournent le regard face aux incidents. Les services de sécurité font ce qu’ils peuvent avec les moyens limités dont ils disposent. Mais lorsqu’un politicien qualifie une fusillade contre la police de simple fait divers – même si cela remonte à quelque temps – que peut-on attendre ? Peu de choses ont changé. Beaucoup de promesses sont faites, mais sur le terrain, le nombre de fusillades augmente. Faudra-t-il vraiment qu’une victime civile tombe ? » s’interroge Patrick Roijens, président du SLFP.
La ministre de la Justice, Annelies Verlinden (CD&V), promet un budget supplémentaire, dont 8 millions d’euros pour les parquets, 12 millions pour les tribunaux et des moyens supplémentaires pour l’INCC.
Le président du SLFP, Patrick Roijens, souligne que la sécurité nécessite des investissements : « La sécurité a un prix. Cessez d’attaquer et de réduire l’appareil public. Investissez dans le service public, car il est le pilier de la vie publique et de l’État de droit. »
Le SLFP attend des engagements concrets et durables du gouvernement, pour que la police et la justice puissent exercer leur mission en toute sécurité et efficacité
Pour Moinil lui-même, le niveau de menace est passé au niveau 4 depuis le mois dernier. Il bénéficie d’une protection policière après de graves menaces provenant du milieu de la drogue.
Plus d'informations au sujet de la conférence de presse du procureur Moinil via la RTBF